Au coeur brûlant d’Athènes

J’ai demandé à mon amie Anastassia Politi, comédienne et metteur en scène Grecque qui m’avait fait part de son émoi au sujet des événements actuels d’Athènes, de m’écrire un billet sur ce blog afin d’aider à comprendre ce qui se passe dans cette capitale du sud européen. Elle m’a envoyé deux textes. Le premier à 3h ce matin où elle me fait part de son impossibilité d’écrire dans le trouble qui la submerge, le second à 3h33 où elle fait un état de l’histoire permettant d’avoir un éclairage du présent. Je vous livre les deux textes tels quels.

3 heures du matin

Anasstassia Politi
Anasstassia Politi

Mon cher Alain, je n’arrive pas à écrire…En Grèce c’est très grave ce qui se passe, je suis plus que déprimée et inquiète, mon quartier à Athènes est en flammes depuis trois jours, ma mère n’arrive pas à se faire soigner, elle ne peut sortir à cause des bombes lacrymogènes et des incendies, ni le médecin ne peut accéder chez elle, c’est une ville en état de siège…

Mais on s’y attendait, le récent meurtre de l’adolescent est la goutte qui a fait déborder le verre, tout cela se passe sur fond : de la récente crise financière mondiale, sachant que notre gouvernement a arrosé les banques grecques de 23 billions d’euros, sur fond de scandales financiers locaux (l’état bradant à l’église illégalement des terrains publiques sur lesquels des archevêques installent des sociétés off shore…), sur fond d’incendies et de catastrophe écologique inouie de l’année dernière, sur fond de chomage à plus de 15% , avec environ deux millions de la population sur onze qui vivent en dessous du seuil de la pauvreté.

Il y a cent familles qui se partagent le pouvoir et les richesses et les autres vivotent…

Maintenant, les partis politiques, se disputent, l’extrême droite boit du petit lait, je n’arrive pas à écrire, je pleure.

A.

3 heures 33 mn

Ce qui se passe aujourd’hui c’est dans l’Histoire, récente ou

lointaine, qui trouve aussi son origine.

La politique en Grèce, elle est piégée.

Le siècle de Périclès fut certes très admirable mais reste lointain…

En matière de politique, ce qui arriva après est révélateur :

Quatre siècles d’occupation ottomane, depuis 1451, donc, la féodalité à l’orientale, évitant la révolution industrielle de l’Occident, et plusieurs résurrections, dont une guerre d’indépendance réussie, pour aboutir, en 1830, à la création de l’état grec moderne, Celui-ci s’est voulu démocratique, une République Hellénique. Les quelques milliers de paysans libérés du joug ottoman, rejoints par les érudits de la diaspora, ont alors réalisé leurs assemblées nationales et ont voté une constitution qui crystalsait celle de Périclès, de la révolution française et l’étasunienne. Or, son premier gouverneur, Kapodistrias, fut assassiné, la République n’a pas duré plus que six mois, car nos « alliés » nous ont dit clairement qu’il était impossible de laisser faire les Grecs, en créant une démocratie à l’ancienne, avec tout le poids du symbole, en plein Europe de monarches. Ainsi, c’est la monarchie absolu, de droit divin qui nous a été IMPOSEE, avec l’arrivée d’un roi Bavarois, Othon. Je te laisse lire la suite sur Wikipédia….

Alors, des institutions républicaines, tu parles, il n’y en a pas…

La monarchie bavaroise [modifier

<http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Histoire_de_la_Gr%C3%A8ce_aux_XIXe_et_XXe_si%C3%A8cles&action=edit&section=2>]

<http://fr.wikipedia.org/wiki/Image:1834_Teesdale_Map_of_Greece.jpg>

<http://fr.wikipedia.org/wiki/Image:1834_Teesdale_Map_of_Greece.jpg>

La Grèce en 1834

Les puissances qui avaient apporté leur aide à la Grèce dans la lutte pour son indépendance <http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_d%27ind%C3%A9pendance_grecque>,

France <http://fr.wikipedia.org/wiki/France>, Royaume-Uni <http://fr.wikipedia.org/wiki/Royaume-Uni> et Russie <http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Russie> tenaient à retirer des bénéfices de leur intervention. La vie politique et économique du pays passa très vite sous le contrôle des États qui s’autoproclamèrent « Puissances Protectrices ».

Une de leurs premières décisions fut de refuser aux Grecs le libre choix de leur régime et de leur chef d’État. Alors que la Troisième Assemblée Nationale réunie à Trézène <http://fr.wikipedia.org/wiki/Tr%C3%A9z%C3%A8ne_%28ville%29> avait opté pour une République, dirigée par Ioannis Kapodistrias <http://fr.wikipedia.org/wiki/Kapodistrias>, les Puissances Protectrices imposèrent la monarchie et le second fils du roi de Bavière Louis Ier, Othon <http://fr.wikipedia.org/wiki/Othon_Ier_de_Gr%C3%A8ce>, comme souverain.

Celui-ci arriva en Grèce à bord d’un navire de guerre britannique. Il était accompagné de 4 000 soldats bavarois, d’un Conseil de Régence (il était mineur) bavarois et d’architectes bavarois qui entreprirent de redessiner Athènes <http://fr.wikipedia.org/wiki/Ath%C3%A8nes>, choisie comme nouvelle capitale. Commença alors la période de la /xénocratie/.

Le chef du gouvernement, Ludwig von Armansperg <http://fr.wikipedia.org/wiki/Josef_Ludwig_von_Armansperg>, un Bavarois, est plus particulièrement détesté.

Othon gouverna d’abord de façon autoritaire, instaurant une monarchie absolue de droit divin, et refusant d’accorder la constitution promise.

Le pays fut malgré tout modernisé : réorganisation (voire organisation tout court) de l’administration, de la justice, d’une armée régulière, de l’Église et de l’enseignement (création de la première université <http://fr.wikipedia.org/wiki/Universit%C3%A9_nationale_capodistrienne_d%27Ath%C3%A8nes>

de Grèce (1837). Cette politique était facilitée par les prêts nombreux et importants que les Puissances Protectrices accordaient à la Grèce.

Ces prêts, ainsi que l’intervention directe des Ambassades dans la vie politique (création de partis politiques dits /parti français/ <http://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_fran%C3%A7ais_%28Gr%C3%A8ce%29>,

/parti anglais/

<http://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_anglais_%28Gr%C3%A8ce%29> ou /parti russe/ <http://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_russe_%28Gr%C3%A8ce%29>),

faisaient que la Grèce était surtout gouvernée depuis Londres, Paris ou Saint-Pétersbourg. Mais, si les Puissances Protectrices avaient su se mettre d’accord pour aider à l’indépendance de la Grèce, elles divergeaient quant à la direction à lui faire prendre ensuite. Surtout, la Russie cherchait à utiliser la Grèce dans sa tentative de démantèlement de l’Empire ottoman (visant à garantir à la Russie un accès aux mers chaudes), alors que le Royaume-Uni voulait maintenir l’intégrité de celui-ci (au moins jusqu’au moment où il serait prêt à le remplacer).

La Grèce s’engagea dans la guerre turquo-égyptienne, aux côtés de Mehmet Ali, le Pacha d’Égypte, qui voulait se séparer définitivement d’Istanbul. Les dépenses militaires ruinèrent littéralement le pays. Les Puissances Protectrices imposèrent des conditions plus qu’humiliantes au règlement de la dette extérieure.

Articles liés : Othon Ier de Grèce

<http://fr.wikipedia.org/wiki/Othon_Ier_de_Gr%C3%A8ce>

4 commentaires

  1. […] LETTRE DES AMIS D’ALEXANDROS AUX MEDIAS GRECS Publié dans Uncategorized by laurentchaumette sur décembre 11th, 2008 Cette lettre adressée à la presse grecque a été traduite par Anastassia Politi, comédienne et metteur en scène grecque qui s’exprime icisur la situation actuelle : https://alainfoix.com/2008/12/10/au-coeur-brulant-dathenes/. […]

  2. Merci du lien et surtout des informations que vous faites passer.
    La lettre a depuis hier été reprise un peu partout : quand j’ai pu, j’ai indiqué votre blog comme origine.
    Fraternellement
    Laurent

  3. […] laissez un commentaire » Cette lettre adressée à la presse grecque a été traduite par Anastassia Politi, comédienne et metteur en scène grecque qui s’exprime sur la situation actuelle,  ici  : alainfoix.com/2008/12/10/au-coeur-brulant-dathenes […]

  4. je ne sais où poster cet appel, excuse-moi…

    A l’adresse des Peuples d’Israël et de Palestine

    La fin de cette vengeance sans fin est entre vos mains !

    Exigez d’abord de mille façons de vos représentants le cessez-le feu immédiat, l’arrêt complet des hostilités.

    Choisissez par la base des délégués des deux côtés, renommés pour leur non-violence.

    N’importe qui, pas des experts ou des dirigeants, juste des sages, des aimants.

    Qu’ils se réunissent au milieu des ruines, le temps qu’il faudra, jusqu’à pouvoir venir annoncer à Jérusalem la paix équitable décidée à l’unanimité.

    Peuples d’Israël et de Palestine, fraternisez pour la paix, pas une trêve entre deux guerres, vivre bien les uns à côté des autres, peut-être un jour les uns avec les autres.

    Il n’y a pas d’autre solution, ou bien que quelqu’un la donne et qu’elle soit mise en œuvre, vite.

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