Eh bien, nous y voilà ! Comme la vérité sort de la bouche des enfants, elle est ce soir, au 20 heures de France 2, sortie toute crue et grasse de celle de l’inénarrable Eric Raoult, maire de Neuilly-sur-93, c’est-à-dire Le-Raincy, ville où le Prince Louis Philippe d’Orléans (dit Philippe Egalité) avait son pavillon de chasse. Et il est vrai que dans ces parages du bois de Bondy, ça sent encore l’hallali, et plus précisément aujourd’hui l’hallali contre l’halal de l’Ali. Cette fois-ci, juste après le couvre-feu des délinquants, forcément délinquants, de 13 ans et moins, le coup de feu est parti en direction du gibier de potence littéraire qui non content de manger à la table de Drouant le bon pain bien français des Goncourt , vont bramer de par le monde (qui plus est chez les teutons et casques pointus, nous sommes le 11 novembre que diantre) qu’il y a quelque chose de pourri au royaume de France. Alors là, c’en est trop pour notre Eric Ragoult national. Que Marie N’Diaye se permette de clamer de Berlin qu’elle a quitté notre pays parce que ça sentait trop la vulgarité et la répression sous la nouvelle gouvernance quelle indécence et quel affront de la part d’une personne au nom si bizarrement pas français que la France a daigné couronner d’un prix si illustre et si français. Magnifique, Eric, superbe sortie, en plein dans le mille ! D’une pierre trois coups !
1-Qu’il soit bien entendu que tout artiste et écrivain subventionné et primé est aux ordres, le petit doigt sur la couture du pantalon (et qu’on chante à tue-tête la Marseille et sans fausse note, tudieu ! Profitons de cette parenthèse pour vous inciter à lire le livre de l’excellent Rainer ROCHLITZ., Subvention et subversion, Gallimard, 1994 qui donne à réfléchir à ce sujet)
2- Toute association artistique et culturelle est une association sous contrôle de la France même si elle n’est pas subventionnée parce que la culture est française et donc nationale (où ne va pas se cacher l’identité, dites donc). Par conséquent, la bande à Goncourt comme les autres n’ont qu’à bien se tenir et qu’ils remettent leur prix sous réserve afin que nos bêtes littéraires ne sortent pas de la réserve dorée que la France dans sa grande générosité leur offre sous les dais de la République. Ces artistes là, ne sont-ils pas comme des fonctionnaires, dixit Ragoult (étant entendu que tout fonctionnaire, de l’armée à La poste en passant par l’Education Nationale doit se la boucler ou quitter sa fonction).
3- Bien rappeler au bon peuple que ce n’est pas parce qu’on est écrivain ou artiste qu’on est au-dessus de la loi commune qui est de souffrir en silence sous le règne du bon Nicolas 1er.
N’avez-vous pas remarqué que ce bon vieux Eric est en ce moment le préposé aux basses œuvres et qu’il dit tout haut ce que son maître pense tout bas ? Voir l’épisode de Jean de Neuilly dont il a défendu sur toutes les ondes la candidature avec la meilleure mauvaise foi dont il est capable. Cette fois-ci, le dérapage contrôlé vient ponctuer et parachever un autre passé quasi inaperçu par l’autre inénarrable, Frédéric Le Neveu de François. N’a-t-il pas dit sans sourciller au sujet de l’affaire Polanski qu’il était « Le ministre des artistes » ? Et le mot était passé comme une lettre à la poste. Ah bon ! Première nouvelle, le ministre de la Culture serait ministre des artistes. Voilà qui aurait fait bondir André Malraux, lui qui affirmait bien fort que le ministère de la Culture n’avait d’autre objet que de faciliter l’accès du public aux œuvres. Et pourquoi pas en sus ministre du public ? Il y a des glissements sémantiques qui ont, l’air de rien, de graves conséquences, notamment entre autres d’ajuster la mire de l’Eric qui voit rouge dès qu’on agite le mot culture. Ah les mots ! Voilà le danger. Ils le savent bien nos gouvernants pour si bien les manipuler en artilleurs de la pensée (T) unique.
Ci-dessous, petit portrait D’Eric Raoult dans sa bonne ville du Raincy (que je connais bien pour y avoir été prof de philo. Une de mes élèves de terminale A3 m’ayant durablement traumatisé, découvrant dans sa copie qu’elle avait écrit qu’Hitler était un génie qui a inventé une « race aérienne ». Authentique). Au fait que disait Marie N’Diaye pour provoquer l’ire de l’édile?
C’est « d’une pierre 4 coups » si on ajoute les avantages électoralistes de ce ratisage des voix d’extrème droite.
Une des conséquences de cette ignominie c’est en tout cas le fait que Frédéric Mitterrand s’est définitivement déconsidéré en renvoyant dos à dos N’Diaye et Raoult comme s’il s’agissait d’une dispute anodine entre deux simples citoyens. Devant le soutient dont bénéficie Raoult à droite, la démission reste seule chose à faire pour Mitterrand, s’il veut sauver un peu de dignité. S’il ne le fait pas, cette lâcheté opportuniste lui restera comme une tâche indélébile et il ne pourra échapper au mépris du milieu culturel dans son ensemble.