Le problème guadeloupéen tel qu’il s’exprime aujourd’hui est l’expression d’une situation sociale qui a des racines profondes dans l’histoire coloniale française. Ce n’est pas le moindre intérêt de cette crise qui trouve en France un bel écho médiatique que de jeter une lumière nouvelle sur cette partie de l’histoire de France. Histoire de France, oui, et non simplement histoire des outre-mers. Car c’est une question posée à la relation séculaire qu’entretient la France avec ses territoires dits outre-mer. Gerty Archimède fait partie de ces élus qui, en 1947 se sont battus avec Césaire pour que les Antilles, la Guyane et la Réunion deviennent des départements français, ce dans le but d’obtenir les mêmes droits sociaux et politiques que ceux qui sont en vigueur dans l’hexagone. La départementalisation a eu lieu, mais l’espoir d’égalité territoriale a été déçue. Gerty Archimède (décédée en 1980), m’a confié peu de temps avant sa mort (elle était ma grande-tante), qu’elle en venait à regretter cette victoire de la départementalisation parce que sous certains aspects, notamment ceux des droits sociaux, rien n’avait progressé en regard de l’ancien statut colonial.
Le combat actuel tel qu’il s’exprime dans cette grève qui dure depuis plus de cinq semaines, est bien à la fois une lutte sociale et une lutte politique de fond pour que soit enfin pris en compte la question du statut des départements d’outre-mer. Révision du statut ne signifiant pas nécessairement indépendance, mais reconsidération de la réalité sociale, économique et politique du fobctionnement de ces département et de leur relation avec la métropole. Ne répondre qu’aux demandes sociales actuelles pour faire taire momentanément la colère, reviendrait tout compte fait à mettre une cautère sur une jambe de bois, soigner le symptôme et laisser courir la maladie.
Dans ma pièce Pas de prison pour le vent ( écrite en 2005, créee en Martinique en 2006, elle va être reprise cet été en Avignon), Angela Davis et Gerty Archimède s’entretiennent sur la question antillaise. Voici un extrait de ce dialogue qui me semble jeter une lumière particulière sur ce qui se passe aujourd’hui en Guadeloupe:
