Cher blog

Mon cher blog, je t’avais oublié. Abandonné comme une épave au milieu du silence agité du vaste webocéan. Vide de tout mot nouveau et charriant le souvenir des mots anciens. Presque deux mois déjà. Mais je dois t’avouer que tu ne m’as pas manqué. J’étais ailleurs et libéré du goût d’écrire et même, disons le franchement puisque nous y sommes, du goût de lire. Plus une trace de cette drôle d’addiction qui m’entraînait chaque matin devant le clavier de mon ordinateur pour jouer cette étrange musique qui s’écoute par les yeux et fait danser les mots. Fini ce besoin pressant de communiquer presque en direct mes sentiments, révoltes, enthousiasmes, passions et pensées pêle-mêle à des lecteurs sans nom et sans visage que j’imagine de l’autre côté du masque anonyme de mon écran d’ordinateur. Pourtant, ils restent toujours là, peut-être les mêmes, peut-être d’autres, mais en bon nombre très régulier, comme en atteste ton outil statistique, venant se cogner à la page vide du jour ou butiner toutes les archives. Cela a quelque chose d’à la fois rassurant et inquiétant. Par toi, je me suis fait des amis comme on dit sur facebook, c’est à dire des relations virtuelles qui parfois sortent de cette virtualité pour réellement communiquer en se donnant un nom, un visage, des pensées vraies, des sentiments aussi, et puis s’effacent un temps pour parfois revenir. Ce n’est pas toi qui m’a manqué, mais eux sans doute, ces anonymes lecteurs qui prennent forme, une forme spectrale dans le graphique du spectrogramme de statistiques. Ils étaient mille, deux mille, trois mille et parfois plus en fonction des moments, des titres et de l’actualité. Et au milieu du nombre, des permanents et des fidèles. C’est pour eux que j’écris sans doute. Ecrire c’est bien plus qu’un simple acte solitaire. C’est une manière d’offrir et partager toute l’épaisseur d’une solitude. Ecrire c’est être seul, mais on écrit pour ne pas l’être. Tu ne m’as pas manqué, cher blog, mais si je reviens à toi et reprends pied sur ton pont délaissé, c’est que sans doute, comme le vent se lève, le goût de l’écriture reprend possession de moi. Pourquoi? Sans doute comme disait ma grand-mère, il y a un temps pour tout. L’action avait mangé l’écrit. Pourtant c’est pour l’écrit que j’étais en action. Action de produire la mise en scène de ma nouvelle pièce « Rue Saint Denis » qui sera créée le 3 février 2011 à la scène nationale de la Guadeloupe et reviendra à Paris pour être jouée au Théâtre de l’Epée de bois de la Cartoucherie de Vincennes. Action aussi, entre autres, d’organiser une rencontre inédite en Guadeloupe en l’Auberge de la Vieille Tour entre 20 auteurs de théâtre d’Europe, mais aussi du Sénégal et du Bélarus, et 20 auteurs de la Caraïbe venant d’Haïti, de Cuba, de Sainte-Lucie, de la Jamaïque, de la Guyane, de la Guadeloupe et de la Martinique. 6 jours qui feront trembler le monde puisqu’on écrira tous ensemble sur le thème « le tremblement de terre ». Six jours qui promettent d’être passionnants et qui méritent bien que j’aie passé autant d’énergie à les organiser en collaboration avec une autre association de promotion de l’écriture théâtrale de la caraïbe (locale celle-ci): ETC_Caraïbe.  Ce sera bientôt: du 14 au 20 novembre 2010. Et, promis, cher blog, j’en ferai part à tes lecteurs.

Alain

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