Chat vibre!

Je n’ai jamais été un écrivain à chat. Pourtant, ma Kiara ne manque pas une occasion, dès que je suis assis sur un canapé, de se blottir sur mes genoux pour laisser à mon grand dam ses touffes de poils de bâtarde d’angora sur mes vêtements. On m’entend aussi régulièrement hurler, constatant que je viens de repasser un pantalon sur une table couverte de poils invisibles, car la table à repasser, avec son molleton moelleux, est un des lits qu’elle affectionne. Mais jamais, ô grand jamais, elle ne s’aventure dans mon bureau lorsque j’y suis, sinon pour me réclamer de ses miaulements autoritaires et péremptoires, de lui ouvrir la porte ou de lui servir son repas. Ainsi, loin de l’image d’Epinal, jamais on ne me verra, écrivain, méditer et travailler avec le support rêveur des yeux d’un chat.

Par contre je puis affirmer maintenant, que je deviens un musicien à chat. Grâce à mon nouveau saxophone, je suis en train d’établir une relation nouvelle avec ce vieux chat mélomane, noir et blanc. Dès que je sors le premier son, je le vois accourir du diable vauvert, traverser mon jardin et venir se blottir contre ma porte vitrée. Il s’installe sur le paillasson devenu sa loge de concert. Même mes couacs ne l’effraient pas. Il ne semble pas se lasser de mes gammes et de mes arpèges. Mon opinion sur ce chat qui était notablement désastreuse, est en train de changer. Et j’ai l’impression que celle qu’il se faisait de moi aussi. Nous devenons amis grâce à la musique. Je ne joue plus pour moi-même, mais également pour un chat de gouttière. Cela peut paraître idiot, mais sa présence m’encourage et m’inspire. Je ne joue pas pour moi seul ou pour d’abstraits auditeurs, mais pour un être de chair, d’os et de poils.

Lorsque j’écris, je m’adresse à un lecteur idéal que je ne croiserai jamais. Lorsque je joue, je communique avec un auditeur idéal qui est un chat. Un vieux chat de gouttière noir et blanc et c’est, comment dire…. Miaou!

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