Elle est belle Rama

Elle est belle Rama, sur cette photo de Libération, ses yeux immenses perdus dans l’immensité d’un ciel d’azur. Belle et seule. Esseulée. On dirait une de ces héroïnes de Corto Maltese, les cheveux bouclés de vent sur fond de mer de Chine. Elle semble regarder au loin voguer Marco Polo à bord de son trois-mâts affrété par messire Boloré, la cale chargée de biens à échanger avec les commerçants du vieux pays de Lao-Tseu. Un émissaire lui a remis en catastrophe le vieux parchemin des Droits de l’Homme juste avant que le vent et la marée montante entraîne son équipage au large. Mais où l’a-t-il fourré ? Semble-t-elle se demander. N’est-ce pas cette chose qui s’envole telle une blanche mouette du pont de la capitainerie où son aventurier se tient droit dans ses bottes, une main à la barre et l’autre sur les épaules de sa rivale ? Sa rivale ? La belle et souriante Rachida. Il est frappé du sceau de son sourire. Un sourire ravageur, une déferlante qui semble vouloir défier toute l écume des mers du Sud. Et la nave va, vogue le navire de cette république, laissant à quai un pan de son drapeau, ce drapeau Black Blanc Beur devenu l’étendard d’une nation nouvelle piqué au pied de George et de sa Condoleza au sourire de riz blanc, plus blanc que l’oncle Tom. Ce beau trio de couleur s’effrite devant le péril jaune. Le bleu qui ceint ce beau visage de Rama, serait-ce un bleu de l’âme ? Un blues de l’abandon ? Son capitaine Fracasse, aujourd’hui libéré du charme de Cécilia ouvre tout grand sa cape en quête d’un vent nouveau. Plus libre que jamais il gonfle une poitrine conquérante, plus mâle et viril que jamais. Tout autant que Vladimir qui fait taire les coyotes, il impose le silence aux racailles rouges et brunes qui jappent sur son passage. Et passe sa caravane. Le commerce avant tout. Tous ses sonnants et trébuchants ramenés de la muraille de Chine feront taire les murmures et la rumeur. Il reviendra consoler sa Rama et lui assurera que son vieux parchemin a bien survécu aux périls et repose bien au fond d’un grand tiroir fermé à double tour. Elle essuiera ses pleurs, et le trio de nouveau rassemblé, les deux femmes de couleur autour du blanc viril iront de nouveau par le monde représenter cette belle nation féconde. Et tout ira très bien tant que Rama n’aura de nouveau cette lubie d’offrir « en mains propres » ce très vieux parchemin aux tout-puissants qui n’en veulent pas.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s