De l’identité nationale

alain Foix,auteurAprès la sécurité, l’identité nationale, nouveau cheval de bataille de politiques qui, à court de projet font jouer la fibre ethnique et la corde patriotique juste avant les élections régionales. Le mot est lancé en pâture aux médias, tous vont se jeter dans ce piège, tous vont monter au Front, au Front national bien-entendu qui s’érige comme garant de l’identité nationale. Va-t-on aller au fond de ce concept? le mettre en question? Etudier sa validité, son sens historique, sa pertinence dans un monde désormais ouvert? Peu de chances. Il est plus que certain qu’on va agiter les couleurs du noir au rouge en passant par le blanc, le rose et le bleu. Les drapeaux vont claquer, la marseillaise résonner et la France de 2009 retrouvera les spasmes et les odeurs fétides d’un 19è siècle raciste et impérialiste qui a commis ce fameux concept d’identités nationales sur les bases d’une perception essentialiste et romantique des peuples. L’arbitre sifflera la fin du match juste avant que le Front national ne marque le but décisif. Les maillots bleus auront alors peut-être gagné des points sur les roses et rouges, mais le mal sera fait et l’on verra se lever des tribunes des chemises brunes entonnant des chants de hooligans.Juste pour gagner quelques voix et quelques régions, on remue la boue dans laquelle sommeille la bête immonde. Ecoeurant.

La question doit être posée, mais pas de cette manière par le fameux ministre de l’identité nationale qui sans doute ne sait pas quel ministère il dirige puisqu’il pose la question à la nation entière. Cela dit,  il n’y a pas le choix, il va falloir s’y coller et faire entendre de nouvelles voix qui montrent d’autres voies.

A propos voici un extrait de  mon dernier essai (Noir de Toussaint Louverture à Barack Obama, ed. Galaade) où je parle justement de cette question:

Identité, mot policier, mot administratif, fondamentalement, outil de classement, de recherche, de mise en carte. Avant que le mot identité ne devienne un concept de combat de nations dominées cherchant à faire valoir leur existence dans l’ordre de la diversité contre le dominant, il fut un outil de marquage de territoires et de populations mis à disposition de l’administration par les anthropologues. Ceux-ci dessinaient les contours humains de la carte du monde après que les géographes de la force militaire de l’occupant en eurent tracé les contours physiques. Ainsi chacune de ces populations du monde qui, dans leur langue s’auto-désignaient «les  hommes », fut marquée d’un nom, d’une particularité qui la classait dans une sous-catégorie d’homme. Et de sous-catégorie d’homme à catégorie de sous-hommes, il n’y a qu’un pas allègrement franchi. (Alain Foix, Extrait de Noir de Toussaint Louverture à Barack Obama, ed. Galaade)

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