Fabuleux Jean-Claude DROUOT

Jean-Claude DROUOT, Assane TIMBO, Alain FOIX au salon du livre

Question: Qu’est-ce qu’un acteur?

Réponse: Celui dont la parole vous saisit, et parfois vous sidère.

Vendredi 18 mars, 17h 30, stand des Outre-mers. Je suis invité à lire des extraits de ma pièce « Rue Saint-Denis » devant le public du salon du livre de Paris. Cette pièce étant en cours de création (rappel: à partir du 24 mars 2011 au théâtre de l’Epée de bois), je demande à Jean-Claude DROUOT qui fait partie de la distribution, de dire deux ou trois de ses monologues. Je demande également à Assane TIMBO de lire au débotté des passages du texte joué par Modeste NZAPASSARA, indisponible ce jour-là. Ce qu’il accepte volontiers et va faire avec brio.

Aux abords du stand, c’est l’inquiétude. L’espace de lecture, déchiré par plusieurs rayons de livres, dessiné dans la largeur, nous semble assez impropre à une bonne écoute. Le public est déjà là, assez nombreux. Mais autour, la rumeur des lecteurs et badauds du salon, crée autour de nous des nuages de mots irradiant notre espace de manière intrusive. Tout à fait l’opposé des conditions requises pour faire entendre une parole de théâtre.

Jean-Claude parle et le silence se fait. Il devient peu à peu Oreste Moulineaux, son personnage, et se dessine tout autour de nous une zone de silence qui se répand comme une nappe de pétrole sur la mer. Le silence est d’or, il a lancé son filet. Mais la parole est d’argent. Voici que celle de Jean-Claude a capté les poissons dans ses mailles. Il tire, il tire, il parle, il joue, et voici que, pêche miraculeuse, des bancs d’auditeurs sidérés et bouche bée se massent autour de nous. Assis à côté de Jean-Claude, j’observe, incrédule cet étrange phénomène. J’expérimente in vivo la capacité d’une voix à cueillir des esprits. La puissance de Jean-Claude joue à plein. Il en jouit, j’en ai conscience. Il semble exulter intérieurement. Il est ici général de l’armée du théâtre. Il conquiert un nouveau territoire, il colonise pour un temps les esprits, les soumet à ses mots. Il pourra les livrer à Assane TIMBO qui, à l’aarière-garde les cueille bellement dans les nappes mélodiques d’une lecture maîtrisée Je suis, comme tous ces spectateurs inattendus, sidéré. Je me laisse emporter dans mon propre texte. Il m’a dépossédé de mon texte pour mieux le livrer au public, et j’applaudis des quatre mains. Bravo l’artiste!

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